Thibierge S. Mr

Stéphane Thibierge : Symbolique, réel, imaginaire - Éléments pour une pratique en psychopathologie - 2

Illustration Cours magistralJe reprends le propos que j’ai commencé il y a deux semaines. Je vous avais annoncé que je parlerais de ces trois termes : « symbolique, imaginaire et réel », et j’avais ajouté comme titre de ce cours « Éléments pour servir à une pratique de la psychopathologie », c’est-à-dire que j’aborde ces trois termes en ayant en vue de vous rendre accessibles les éléments, les aspects les plus simples et les plus fondamentaux aussi - ça ne veut pas dire les plus faciles, les plus simples - de ce qui fait notre pratique en psychopathologie.

Stéphane Thibierge "Symbolique, réel, imaginaire : éléments pour une pratique en psychopathologie"

Illustration des cours magistrauxJe commence donc une série de cinq cours que j’ai intitulée et donc cet enseignement aura pour titre : « Symbolique, Réel, Imaginaire : « Cet enseignement vient à la suite de celui que j'ai pu effectuer les années précédentes, Eléments pour une pratique en psychopathologie – pour ceux d’entre vous qui ont déjà eu l’occasion de m’écouter, vous reconnaîtrez un souci qui est constant chez moi, c’est à dire d’essayer de vous montrer comment ce que nous vous enseignons ici est orienté par le souci de vous servir dans la pratique, de vous rendre la pratique possible. Donc, éléments pour une pratique en psychopathologie. Et le début de ce titre, c’est : « Symbolique, réel, imaginaire », autrement dit cette triplicité, cette ternarité, à laquelle au terme et au cours de son enseignement Lacan a donné une valeur toute spéciale et extrêmement motivée. C’est-à-dire que la valeur de ces trois registres différents – symbolique, réel, imaginaire – eh bien, ce n'est pas une valeur arbitraire que Lacan aurait choisie non, c’est véritablement quelque chose dont j’essayerai de vous montrer... après d’autres - chacun de nous à notre manière, nous vous parlons de la façon dont ces trois dimensions, ces trois registres, sont impliqués à chaque fois que nous exerçons dans ce champ de la psychopathologie.

Stéphane Thibierge : Usage et nécessités de la parole en psychopathologie - cours 6

Je vais donc terminer aujourd’hui le parcours que je vous ai proposé cette année sous le titre « Usage et nécessités de la parole en psychopathologie » en poursuivant ce que je vous ai déjà dit ― notamment durant les deux derniers cours ― sur la ségrégation et ce que j’avais commencé à vous dire du transfert. Je vous avais dit que le transfert, c’était en quelque sorte une réponse et pas la moins intéressante, loin de là, à cette question que pose la ségrégation puisque ce partage dont je vous ai parlé, cette division du sujet, nous pouvons dire que le transfert la met en acte. Et je vais aujourd’hui déplier un certain nombre de traits de cette mise en acte, comme dit Lacan, puisque, comme je vous l’avais dit aussi, il avait usé de cette formule : « le transfert, c’est la mise en acte de la réalité de l’inconscient ».

Stéphane Thibierge : Usage et nécessités de la parole en psychopathologie - 4

Je vais vous parler de la ségrégation, la manière dont, très couramment, nous observons une difficulté dans le plus ordinaire de notre rapport à l'autre et mon souhait serait ce soir de vous alerter un peu sur cette question de la ségrégation, non pas à travers des intentions bonnes ou mauvaises, les bonnes intentions, vous savez, ça dégouline de partout dès qu'on parle de ségrégation, et le problème c'est que c'est une notion qui est difficile, la ségrégation. Enfin, la ségrégation désigne plutôt les effets de quelque chose qu'il est difficile d'appréhender de façon à peu près juste, c'est-à-dire justement pas à partir à de bonnes ou de mauvais intentions, c'est-à-dire pas dans un propos moralisant, mais en essayant d'être attentif à ce qui se passe pour ne pas être trop pris dans ces effets de ségrégation. Vous voyez, c'est tout à fait dans la ligne de ce que j'avais commencé à vous évoquer, c'est-à-dire, la question de l'autre puisqu'il nous rend, cette question de l'autre, difficile, voire même parfois bouché avec les effets que ça peut avoir de ségrégatif, et comment nous, nous pouvons aborder cela, ici, dans cette Ecole, en psychopathologie, d'une manière pas trop malvenue.

Stéphane Thibierge : Usage et nécessités de la parole en psychopathologie - 3

Je vous rappelle très brièvement que ce cours « Usage et nécessités de la parole », je l’ai abordé cette année en vous évoquant le lieu, la place de l’autre, c’est-à-dire le lieu de l’autre tel que la parole le suscite de manière logique - logique, c’est important, tout ceci n’est pas du tout arbitraire. Le lieu de l’autre est suscité de manière logique et nécessaire par la parole. Je reprends, vous voyez, le fil de mon propos de cette façon. Je parle, qu’est-ce que ça veut dire ? ça nous intéresse puisque vous êtes ici, je suppose en tout cas, pour vous former à recevoir et à entendre des sujets qui parlent. Donc, je ne parle que parce que je m’adresse et cette adresse antécède toujours ma parole. C’est un peu étrange mais c’est très important de saisir cela. Autrement dit, je ne parle que parce qu’il y a un autre qui précède ma parole et auquel je m’adresse.

Stéphane Thibierge : Usage et nécessités de la parole en psychopathologie - 2

Ce cours s’intitule, et cette année, je continue sous ce titre-là : Usage et nécessités de la parole en psychopathologie. Usage et nécessités, usage au singulier et nécessités au pluriel. Alors, usage et nécessités de la parole, en psychopathologie, pour être simple, ça veut dire que je vais vous montrer, autant que je peux, que, en psychopathologie, d’une part, on ne peut pas se passer de façon d’appréhender les faits comme nous permet la parole, ça signifie tout simplement qu’on ne peut pas se passer de l’entretien clinique, on ne peut pas se passer, de ce qui consiste à interroger le patient. On ne peut pas se passer de la parole, j’essaierai de vous montrer pourquoi. Pour le dire, comme ça, d’un mot : nous ne pouvons pas nous passer de la parole en psychopathologie parce que toute la psychopathologie consiste dans relever les manières diverses, très diverses, singulières, d’une diversité qui va jusqu’à la singularité pour chacun d’entre nous, des manières diverses et singulières dont nous sommes les uns et les autres affectés par la parole.

S.Thibierge : Qu’est-ce qu’"une femme" nomme ?

La question de ce que « une femme » signifie est une question difficile. Je vais donc reprendre ça d’une façon plus suivie, à partir d’une question très précise que je vais dérouler pour vous présenter cette difficulté de ce que « une femme » nomme.
Le rapport à l’image du côté des psychoses : les syndromes de fausse reconnaissance
La question dont je vais partir, c’est le rapport à l’image. Le rapport d’un sujet à son image notamment, et pourquoi ce rapport est il moins assuré, plus complexe, à certains égards plus précaire, chez une femme que chez un homme. Pourquoi c’est comme ça, et comment est ce que ça se présente ?

S.Thibierge : Usage et nécessités de la parole en psychopathologie - 2

…………. la parole nous vient de l’autre, et nous adressons en retour à l’autre. De quoi s’agit il ? Entrons un peu dans la difficulté. Il est temps maintenant d’aborder ce point que je fais exprès de ne pas vous donner tout de suite, parce que je voudrais tacher d’éviter que nous prenions trop facilement pour allant de soi des distinctions qui ont pu être faites par d’autres, notamment par Freud ou par Lacan, ou par d’autres psychanalystes, que nous les prenions comme allant de soi et qu’on se repose là dessus comme si c’était des évidences. Je pense en particulier à la distinction entre l’autre écrit avec un petit a, l’autre comme le semblable, par ex., et l’Autre que Lacan écrit avec un A. Je vais vous amener ça maintenant, mais je vais essayer de le faire de façon à ce que ce ne soit justement pas trop schématique, mais vous allez voir que cette distinction entre l’autre écrit avec a et l’Autre écrit avec un grand A, tel que l’apporte Lacan, elle est précieuse.

S.Thibierge : L'angoisse

Je vous ai souvent souligné le point fondamental en psychopathologie et donc pour nous, le point qui consiste à souligner le fait qu’au principe de la vie humaine, de la vie de l’animal parlant, nous sommes objet de l’Autre, nous sommes dans un contexte où nous sommes objet intéressant l’Autre ou ne l’intéressant pas, mais en tout cas pris dans la jouissance de l’Autre. Ça c’est certain. Et ce réel, ce fait que nous sommes pris de principe et dès le départ dans la jouissance de l’Autre, c'est-à-dire dans le langage, parce que cette jouissance de l’Autre vient affecter le corps du nourrisson, le corps de celui qu’on peut à peine appeler un sujet, mais qui ordinairement est appelé à cette place de sujet, ce corps est objet cessible à l’Autre, et si cette cessibilité ne trouve pas une limite, elle est insupportable, elle fait une jouissance littéralement insupportable, tel par exemple pour prendre une nouvelle fois cet exemple très important et instructif en clinique, une jouissance telle que Schreber nous en donne le témoignage. Schreber nous donne le témoignage d’une jouissance dont il est lui l’objet jouissance de l’Autre, l’Autre il l’appelle Dieu, il aurait pu lui donner beaucoup d’autres noms, c’est la jouissance de l’Autre et Schreber se plaint du caractère bien souvent intolérable, insupportable de cette jouissance de l’Autre dont il est l’objet.

S.Thibierge : Wittgenstein et la psychopathologie

Ce texte reprend des passages essentiels du séminaire de l'EPHEP du 1° octobre 2011.

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