Jean T. Dr

Thierry Jean : Éléments de sémiologie psychiatrique différentielle - transcription

J'ai pris le parti ce soir d'évoquer des choses à partir des questions que vous avez soulevées la semaine dernière, notamment l'une d’entre elles, sur la question thérapeutique difficile posée par le traumatisme qui fait intervenir la possibilité qu'une technique, et en l’occurrence la technique lacanienne peut traiter cette question. Je vous avais indiqué qu'il y a des occurrences cliniques, notamment celle du traumatisme, pour lesquelles le traitement analytique semble particulièrement difficile, sinon d'une opérabilité relative. Ça m'a rappelé une phrase que j'ai lue dans les entretiens qu’a eus Finkielkraut avec Benny Levy parus dans un livre. Propos que je trouvais tout à fait justes que je vais vous lire : « La science de la pratique – c’est Finkielkraut qui évoquait cela – la science de la pratique comprime et asphyxie. Elle éclipse de la volonté de comprendre le phénomène humain au profit de la volonté de résoudre le problème humain ». Dans cette phrase, bien sûr, pointe à l’horizon la question de la solution, et notamment de la solution, en l’occurrence finale. Il est assuré qu'il y a un appareillage lacanien qui permet de tenter de comprendre le phénomène humain, qui ne propose pas en tant que tel une technique, mais qui permet en tout cas que puisse se réaliser cet échange particulier que l'on appelle « une psychanalyse ». Donc, cette question particulière m'a amené à vous proposer aujourd’hui d’interroger ce que l'on appelle un fait clinique.

Dr Th. Jean : La psychose maniaco-dépressive

Cette année, je vous propose en quelque sorte de visiter la psychiatrie et ses classifications.
Il est sensible que la psychiatrie, dans son évolution et dans son histoire, représente une expérience unique de modèle de psychopathologie, puisque toute classification, en quelque sorte, qu’a connu la psychiatrie depuis l’ère antique, est toujours liée à une conception, notamment à une conception philosophique, et le cas princeps en quelque sorte, c’est une classification qui a duré excessivement longtemps, qui est la classification que l’on doit à un psychiatre allemand du nom de KRAEPELIN, Emil KRAEPELIN, qui était bien évidemment tout à fait articulée à la philosophie kantienne, et que, notamment, la particularité de cette classification que l’on doit à Emil KRAEPELIN tient à ce qu’il ne faisait aucune distinction, aucune différence, entre la pensée et l’affect, entre la pensée et les émotions ; c’est-à-dire que tout était pris, tous les éléments constitutifs de la psyché étaient pris au même titre.
C’était le cas également pour les aliénistes français, notamment FALRET et BAILLARGER, puisque je vais introduire mon propos de cette année par ce qu’on appelle maintenant le Trouble Bipolaire, et qui longtemps, jusqu’aux années 1970, s’est appelé Psychose Maniaco- Dépressive.

T.Jean : Éléments de sémiologie psychiatrique différentielle

Je vais me présenter, je suis Thierry JEAN, psychiatre, psychanalyste ; je travaille dans établissement dans le Nord Parisien comme on dit. Puisque certains d’entres vous viennent et participent à la présentation de malades que j’y organise, je vais démarrer mon propos sur une patiente vue il y a deux jours, mardi dernier. C’était une jeune femme relativement timide et dont la souffrance tenait à ceci : c’est que son corps lui était étranger, ce qui avait bien évidemment sur son existence un certain nombre de conséquences, la principale étant que ce corps, elle ne cessait de vouloir s’en débarrasser.

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