Le complexe d'Œdipe comporte en lui-même ceci : c'est qu'il faudrait renoncer, que l'enfant aurait à renoncer à l'amour le plus pur, celui qu'il porte à la mère, pour pouvoir justement accéder au désir. Que cela en serait la condition. Et nous pouvons aisément vérifier que lorsque ce type de sacrifice n'opère pas, que ce soit du fait de la mère qui le refuse ou du fait de l'enfant qui ne peut y consentir, eh bien on sait du même coup que la mise en œuvre du désir, du désir sexuel, se trouve sérieusement handicapée. Remarquons que, bien sûr, à l'issue du passage par le dit complexe, le renoncement à l'amour porté à la mère, voire de l'amour porté par la mère à son enfant qui ainsi lui échappe, dès lors à cette occasion, et bien que certes à l'issue de cette opération, l'amour va subsister d'une certaine manière mais sublimé. Et nous savons tous que l'amour comporte avec lui cette dimension dûment, je dirais, expérimentée, racontée aussi bien par les romanciers que par les poètes, et pour dire combien sa sublimation, justement, venait constituer un échec à l'accomplissement du désir sexuel. Comme s'il y avait donc entre eux à la fois cette polarité essentielle et en même temps ce divorce irréductible.