Édito de Charles Melman : Le cas Z

Un intrus est en train de se glisser dans la campagne présidentielle, dont chacun a l’intuition qu’il pourrait être la surprise. Pourquoi, docteur ? Il est intéressant que les commentateurs autorisés en effet ne l’entendent pas. Son succès pourtant est lié à une démarche simple, il fait entendre une voix : celle d’une nation en souffrance. Le plus drôle est que cette fonction est assurée par des enfants d’immigrés – comme lui, accusés aujourd’hui d’être responsables précisément de la souffrance en cause, mais qui eux aiment la nation qui les accueillit. La différence avec les natifs, occupés à autre chose, est que les métis ont reçu comme un don la loi qui leur manquait alors que les autres étaient rendus œdipiens et pour une part solidaires des trublions. Faisons un pas de plus, original celui-là. La menace première dénoncée par le porte-voix est celle du « grand remplacement ». Notons que, s’il existe, il opère dans le domaine sociétal aussi bien que national : « woke » signifie simplement le remplacement par ceux qui furent soumis de ceux qui furent les patrons : ça va loin puisque ça va jusque dans le lit.

Comment savez-vous ça, docteur, et de quoi vous mêlez-vous ? Bah !, seulement de l’essentiel en constatant que le rejet par le milieu culturel du savoir de Freud et de Lacan peut nous conduire collectivement au type de subversions dont les exemples dans l’Histoire nous montrent qu’elles ne furent pas les bonnes, révolution comme on sait ne voulant dire que le retour à la même place. Vous direz que c’est rassurant. Le dommage cependant est le prix qu’il aura coûté.

P. S. Un amateur aura remarqué que nous avons évité le mot « patrie », quasiment obscène aujourd’hui, disqualifiant et clivant en tous les cas. Exclu du lexique de Z lui-même.

 

Charles Melman
03/10/2021