Édito de Charles Melman : Le bal des barbares

Vous vous réveillez sans savoir que dans la nuit les barbares sont rentrés dans la ville. Sans que personne l’annonce bien entendu mais écoutant la radio vous savez qu’ils se sont emparés du micro.
En Syrie Poutine a laissé 36 heures à Erdogan pour qu’à Idlib il bombarde des civils syriens, il risquait sinon de perdre la face.
Modi, en Inde, envoie ses milices tuer des musulmans mécontents d’être devenus des citoyens de seconde zone.
En Afghanistan Trump se retire et laisse le pays aux talibans, c’est-à-dire au futur califat.
Au Carnaval de Gand des effigies au nez crochu montrent qu’on n’a plus peur de dégommer les juifs.
En Iran deux chercheurs français sont emprisonnés pour servir de monnaie d’échange avec un espion iranien retenu en France.
En France on impose une réforme des retraites dont le financement n’est pas arrêté, autrement dit qui ne signifie rien.
Mais à Paris heureusement on a eu la nuit des César, enfin ça aurait pu être heureux si, comme rarement, ne s’était exhibées la veulerie, la lâcheté, la démission. Car chacun et chacune est devenu, dans le foutoir général, un flic moral et fier de sa nullité.
J’ai voulu me rencontrer mais dans le lit il n’y avait plus de place pour le rêve.

Charles Melman 5 mars 2020